Ambitieux général
Denis Charles Parquin du 20e chasseur à cheval rapporte dans ses mémoires qu'en mai 1807 lors d'une revue de cavalerie en présence de l'Empereur, Lasalle ne fut pas satisfait, mais laissons la parole au chasseur :
C'est ce même général Lasalle, continua Henri, qui fit une réponse fort drôle à l'Empereur lorsque Sa Majesté passa, le 5 juillet, la revue de toute la cavalerie, qui. ne s'élevait pas à moins de cinquante- sept mille hommes.
L'Empereur, dans cette revue, avait été très généreux pour les avancements et les décorations donnés dans la division du général Lasalle ; il l'avait nommé lui-même comte de l'Empire, lui avait donné une forte dotation, et fait grand-officier de la Légion d'honneur. Le général, tout en remerciant l'Empereur, ne parut pas être satisfait.
- Qu'avez-vous donc ? lui dit l'Empereur, vous ne paraissez pas content.
- Je suis heureux de vos bontés, Sire ; mais je ne suis pas encore satisfait. J'espérais que Votre Majesté aurait jeté les yeux sur moi pour commander le premier régiment du monde ; en un mot, j'espérais remplacer le lieutenant-général Dahlmann, colonel de vos guides, tué à Eylau.
L'Empereur répondit :
- Quand le général Lasalle ne boira plus, ne jurera plus, ne fumera plus, non seulement je le mettrai à la tête d'un régiment de cavalerie de ma garde, mais j'en ferai un de mes chambellans.
Le général Lasalle, qui ne voulut pas passer pour battu, s'inclina et dit à l'Empereur :
- Sire, puisque j'ai toutes les qualités d'un marin, je demande à Votre Majesté le commandement d'une frégate.
- Non pas, non pas ; ce ne serait pas mon compte, reprit l'Empereur en riant ; vous commanderez vingt régiments de cavalerie en l'absence du prince Murat qui retourne dans son duché.
