Écriture nocturne

Charles Barbier de la Serre (1767-1841) était capitaine d'artillerie de l'armée française et servit de 1784 à 1792. Il veut trouver un moyen efficace de pouvoir lire et écrire des messages en pleine nuit, sans devoir bénéficier de la lueur d'une lanterne qui pourrait trahir sa position et déclencher la canonnade ennemie. Il repart d'un vieux procédé italien de signes en relief sur papier et l'améliore. Il baptise son invention « sonographie » qui permet de transcrire un alphabet de 36 sons codés, sans lettres ni chiffres à l'aide de points en relief placés sur une grille de 2 × 6 points. L'inventeur réalise vite que son système pourrait aussi profiter aux personnes privées de vision. Inventé vers 1808, ce système est appelé l'écriture nocturne.

Des années plus tard, en 1821, année de la mort de Napoléon, il propose son système à l'Institution royale des jeunes aveugles où réside un jeune aveugle surdoué de 12 ans, Louis Braille (1). Il repart du principe développé par Barbier de la Serre, mais en supprime les inconvénients : la complexité du codage, l'absence de lettres et de chiffres, et l'impossibilité de ponctuer ou d'orthographier les messages. Refusant que le jeune Braille modifie son invention, ce dernier met au point à 18 ans un autre système d'écriture en relief basé sur une grille de 2 × 3 points autorisant chiffres, symboles et lettres de l'alphabet. Exigeant moins de points saillants, le nouveau code s'avère extrêmement efficace assurant un gain de rapidité à l'écriture et à la lecture. Le Braille était né.

(1) À l'âge de trois ans, alors que jeune Louis fait des trous dans un morceau de cuir avec une alêne, celle-ci lui échappe et atteint son œil droit. Il n'y a pas grand-chose à faire excepté bander l'œil atteint, mais Louis ne peut s'empêcher de gratter la blessure qui s'infecte. L'infection s'étend à l'œil gauche, qui provoque la cécité.