Hercule, le grognard noir
On oublie trop souvent que la Révolution française a permis l'égalité entre tous les hommes y compris les hommes de couleur et c'est au travers du décret du 4 février 1794 que l'esclavage des Nègres est aboli dans les colonies françaises. On retrouvera même en 1797 un représentant de Saint-Domingue comme membre de la Convention nationale puis député aux Conseil des Cinq-Cents, Jean-Baptiste Belley (1747-1805). Plusieurs noirs ou métis atteindront même des postes d'officiers généraux comme Toussaint-Louverture, Serrant ou encore Dumas, le père du célèbre écrivain (voir article). Plusieurs Nègres se rendront également célèbres par les faits d'armes qu'ils feront comme Joseph Damingue.
Ce fils d'esclaves cubains naît à La Havane en 1761. Il s'engage à 23 ans au régiment de Champagne avant d'intégrer 9 ans plus tard le 22e régiment de chasseurs à cheval. Sous-lieutenant en 1795, c'est durant la campagne d'Italie à la bataille du pont d'Arcole qu'il va s'illustrer et se faire remarquer par l'Empereur pour sa bravoure et sa force physique, ce qui lui vaudra ses galons de capitaine et son surnom d'Hercule.
J'ordonnai au citoyen Hercule, officier de mes guides de choisir vingt-cinq hommes de sa compagnie, de longer l'Adige une demi-lieue et de tomber ensuite au grand galop sur le dos de l'ennemi, en faisant sonner plusieurs trompettes. Cette manœuvre réussit parfaitement. L'infanterie fut ébranlée.
Napoléon Bonaparte
Le citoyen Hercule recevra des mains mêmes de Napoléon Bonaparte un sabre d'honneur sur la lame duquel sera inscrit :
Pour avoir renversé, à la tête de vingt-cinq guides, une colonne autrichienne à la bataille d'Arcole.
Il s'illustre encore lors de la campagne d'Égypte aux batailles des Pyramides et d'Aboukir où il enlèvera une redoute mais sera blessé au bras. De retour en France, il est nommé chef d'escadron à la prestigieuse garde consulaire fraîchement créée. Il participe à la bataille de Marengo. On l'aperçoit d'ailleurs distinctement sur le fameux tableau de la bataille peint par Lejeune, non loin de l'Empereur.
En 1803, il prend le commandement d'une unité du génie, le fameux bataillon des Pionniers noirs. Il recevra la prestigieuse étoile de chevalier de la Légion d'honneur en juin 1804.
Blessé, il prend sa retraite à 44 ans. Il participe à une dernière expédition à Saint-Domingue sous Louis XVIII en 1816 et décède à Paris le 19 avril 1820.