Manche bien large !

18/01/2019

Treize mois ! C'est la durée qu'a eu la seule paix en Europe entre 1792 et 1814, la Paix d'Amiens entre la France et la perfide Albion, l'Angleterre. On ne peut pas vraiment parler de paix mais plutôt d'un répit orchestrée par l'île rebelle, qui, devenue isolée dans la Deuxième Coalition qu'elle avait mise sur pied, c'est un temps organisée pour mieux mordre par la suite. Mais elle ne tient (bien sûr) pas ses engagements de paix et refuse d'évacuer Malte et l'Égypte. Furieux, Bonaparte dira à l'ambassadeur anglais :

Les Anglais veulent la guerre, mais s'ils sont les premiers à tirer l'épée, je serai le dernier à la remettre au fourreau.

Les hostilités sont à nouveau ouvertes entre les deux nations rebelles en mai 1803 et le Premier Consul décide maintenant d'envahir cette île qui le nargue depuis bien trop longtemps. Il fait construire des centaines de bateaux dans tous les chantiers navals de Brest à Rotterdam et met sur pied une armée d'invasion, l'armée d'Angleterre, réunie à Boulogne. Bonaparte est sur tous les fronts; il visite, inspecte, surveille, organise. Il prend aussi parfois la peine de regarder à la lorgnette vers le large et s'étonne de constater que ce petit bras de mer qu'est la Manche est réputé infranchissable alors qu'il voit les côtes anglaises avec sa lunette et s'en confie à Cambacérès.

J'ai vu des hauteurs d'Ambleteuse les côtes d'Angleterre, comme on voit des Tuileries le Calvaire (1). On distinguait les maisons et le mouvement. C'est un fossé qui sera franchi quand on aura l'audace de le tenter.

Bonaparte inspectant à la lorgnette les côtes anglaises, illustration de JOB tirée de son ouvrage Bonaparte
Bonaparte inspectant à la lorgnette les côtes anglaises, illustration de JOB tirée de son ouvrage Bonaparte

L'audace il l'aura, mais pas la réussite, piètrement secondé par des amiraux déficients qui l'empêcheront d'envahir cette île ennemie d'où partiront toutes les coalitions futures contre lui et qui finiront pas avoir raison de lui pour finalement l'envoyer mourir sur le calvaire qu'est l'île de Sainte-Hélène.


(1) Le Calvaire fait référence au mont-valérien, situé à 6 km à l'Ouest de Paris, près de Nanterre. Au XVIe siècle, une femme choisit d'y vivre en recluse au sommet de la colline et fait construire une chapelle. Trois grandes croix sont édifiées faisant référence au Golgotha. C'est ainsi que le Mont-valérien sera appelé calvaire pendant plus de deux siècles.

Frank Grognet - Blog historique
Tous droits réservés 2018
Optimisé par Webnode
Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer