Ami indéfectible

Fils de fermier, né le 10 janvier 1774, Jean-Baptiste Muiron est lieutenant artilleur au siège de Toulon en 1793. C'est là qu'il rencontre à 19 ans l'homme qui va changer sa vie, un certain Bonaparte, lieutenant-colonel d'artillerie âgé de 24 ans. Alors qu'il passe à l'assaut d'une redoute anglaise, le jeune corse est blessé d'un coup de baïonnettes à la cuisse qui le fait tomber en arrière. Il est réceptionné par notre lieutenant Muiron qui devient alors son meilleur ami, son frère. Bonaparte le prend dans son état-major et le fait chef de bataillon un an plus tard et colonel l'année suivante. Il participe avec lui à la répression de l'émeute royaliste du 13 vendémiaire an IV (9 octobre 1796) où Jean-Baptiste commande une batterie de 4 canons.

Malheureusement son ascension sera brutalement stoppé le 25 brumaire an V (15 novembre 1796) à la bataille du pont d'Arcole en Italie où il est devenu son aide de camp. Alors que le général Bonaparte charge à la tête de ses troupes sur le pont, Muiron s'aperçoit qu'il est mise en joue par un Autrichien . Sans hésitation, Muiron se jette devant son ami et prend la balle qui lui était destinée. Elle lui sera fatale. Dans sa chute, Muiron entraîne Napoléon dans les eaux glacées de l'Alpone d'où il sera repêché indemne. Quant à lui, le corps de son ami ne sera jamais retrouvé.

Napoléon n'oubliera jamais ce sacrifice ultime et, une fois devenu empereur, il s'assurera que la famille de son ami ne manque de rien. Il anoblira son père comme comte d'Empire et couchera également sa famille sur son testament. Une frégate sera également baptisée Muiron ; c'est elle qui le ramènera d'Égypte. Une maquette du bateau sera réalisée et placée dans la chambre de l'Empereur à Malmaison ; elle est aujourd'hui exposée au musée de la Marine. Retirée du service pour servir de monument en 1807, la frégate sombre n 1855, frappée par la foudre.

Lorsqu'il établira la noblesse d'Empire, il ne donnera jamais de titre en rapport avec Arcole, celui qui le mérite étant mort.