Contrebande mortuaire

15/09/2019

Jean-Baptiste Bessières est l'un des 26 maréchaux français de l'Empire. Il est nommé à ce grade suprême aux premières heures de l'Empire, le 19 mai 1804 avec 18 de ses compagnons.
Excellent cavalier, il est nommé colonel-général de la cavalerie de la Garde impériale. Il est de toutes les campagnes : Egypte, Italie, Autriche, Prusse, Pologne, Espagne, Russie et finalement Saxe (Allemagne).

À cette campagne de 1813, qui lui sera fatale, le duc d'Istrie se voit confier par l'Empereur toute la cavalerie de l'armée, suprême honneur. Mais le maréchal est inquiet, il pressent un destin funeste. Alors qu'il avait jusque-là conservé pieusement toutes les lettres de sa femme, il les brûle. Lors d'une collation avec ses officiers, il dit :

Au fait, si un boulet doit m'enlever ce matin, je ne veux pas qu'il me prenne à jeun.

Mais en cette veille de la bataille de Lützen, le 1er mai, à Rippach, un premier boulet emporte la tête de son ordonnance, un chevau-léger lancier polonais, membre de son escorte. C'est alors que peu de temps après, un second boulet lui fracasse la main et lui transperce la poitrine. Il est 12 heures 55 l'illustre commandant gît à terre. Le colonel Saint-Charles emmena vers une maison voisine le mourant. Il lui ôta son épée et ne trouva dans ses poches qu'une montre et un mouchoir. Puis, il le couvrit d'une couverture. C'est alors que se présenta un aide de camp du maréchal à qui le colonel remit les effets personnels du duc d'Istrie et il s'en retourna à son poste près de Ney, laissant l'aide de camp pleurant auprès de son commandant. Il rendit compte ensuite au prince de la Moskova qui lui répondit :

C'est notre sort à tous.

Ce fut pour Napoléon une perte immense et il dira de lui :

Bessières était un officier de réserve plein de vigueur, mais prudent et circonspect. Il a vécu comme Bayard et il est mort comme Turenne.

Plus tard, sur son île de Sainte-Hélène, Napoléon dira également :

Si j'avais eu Bessières à Waterloo, ma Garde aurait décidé de la victoire.

Il faut maintenant rapatrié la dépouille du maréchal en France et un cortège funéraire est mis solennellement sur pied. Lorsqu'il arrive à la frontière, les gardes français en faction lui rendent les honneurs et le cortège rentre en France. Peu de temps après, un second cortège funéraire du même Bessières est à nouveau annoncé. Branle-le-bas de combat, c'est une ruse ! Il faut dire que la contrebande est très active en cette année 1813 depuis que le Blocus continental a été instauré et tous les moyens sont bons pour faire entrer illégalement de la marchandise anglaise sur le continent. Le cortège est sommé de s'arrêter et l'on procède à sa fouille systématique. Mais il s'agit bel et bien du cortège du fameux cavalier. C'était le premier cortège qui était celui de contrebande, mais il est déjà loin... 

Frank Grognet - Blog historique
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