Excuses acceptées !

03/05/2020

Quoi de plus emblématiques que les charges de la cavalerie française dans les plaines brabançonnes ce 18 juin 1815. Des milliers de chevaux en ordre serré montés d'hommes en uniformes chatoyants. Les cuirasses brillent, les chevaux bavent, le terrain est labouré sur leur passage. Les sabres et épées scintillent à la lumière, les montures écument, les trompettes s'égosillent. Au milieu de cet amas bigarré, on distingue nettement une ligne rouge. Rouge ! Ce sont les écrevisses de Colbert-Chabanais.

Le 2e régiment de chevau-légers lanciers de la Garde impériale portait un uniforme écarlate avec le couvre-chef et l'habit-veste d'origine polonaise, à savoir le chapska à visière et la kurtka écarlate à revers bleus. Le pantalon était lui aussi d'un rouge vif. Vu la dominante cramoisie, ces troupes étaient communément appelées les lanciers rouges ou de manière plus familière, les écrevisses. Ils étaient à la base issus du régiment de hussards de la Garde royale hollandaise.

Le commandant de cette troupe rutilante est Pierre David de Colbert-Chabanais, dit Édouard de Colbert-Chabanais, baron de Colbert et d'Empire. Il participa aux guerres révolutionnaires dans la cavalerie dont il gravira tous les échelons. S’ensuivront les guerres de l'Empire où il s'y distinguera, entrant dans la Garde en 1811 avec les lanciers rouges sous les ordres du duc d'Istrie, le maréchal Bessières. Il en sera leur commandant durant la campagne de Russie et participera ensuite aux campagnes de 1813 et 1814 pour finalement se rallier aux Bourbons et prendre le commandement des lanciers de la Garde royale.

Général Colbert-Chabanais, figurine Metal Modeles, 54 mm.
Général Colbert-Chabanais, figurine Metal Modeles, 54 mm.

Nous sommes maintenant le 1er mars 1815 ; l'Aigle a débarqué à Golfe-Juan et vole de clochers en clochers vers les tours de Notre-Dame. Pour les Bourbons, tout s'effondre à nouveau ; la cause royaliste est perdue et le roi doit fuir. Le général Colbert essaye de rester fidèle le plus longtemps possible à la nouvelle monarchie. Mais l'Empereur est déjà de retour sur son trône à Paris. Colbert rassemble alors son régiment et l'informe de la situation politique dans la capitale. La réponse des soldats est sans équivoque : « Vive l'Empereur ! ». Les cocardes tricolores secrètement gardées, les aigles et le monogramme impérial ont rapidement remplacé les lys royaux. Le 21 mars, Napoléon convoque Colbert avec son régiment à Paris, mais le général demeure toujours indécis et n'arrivera que le 23. Pour montrer sa loyauté envers l'Empereur, le général, à la tête de son régiment, arrive place du Carrousel où Napoléon est occupé à inspecter sa Garde. Lorsque Colbert rejoint les officiers assistant au défilé, il est remarqué par l'Empereur qui s'approche de lui :

Ah ah ! Vous voici enfin, général Colbert ; vous arrivez fort tard !

Sire, je ne pouvais pas venir plus tôt.

S'emparant de la moustache du général, Napoléon lui dit :

Venez ! Vous êtes en retard. Qu'est-ce qui a bien pu vous retardé à ce point ?

Sire, pas aussi en retard que Votre Majesté, je vous attends depuis un an !

Ces mots pèseront lourds pour Colbert lors de la Seconde Restauration.

Frank Grognet - Blog historique
Tous droits réservés 2018
Optimisé par Webnode
Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer