Fameuses bottes
Il ne faut pas confondre le cocher du postillon.
Alors que le cocher conduit l'attelage à partir de son siège, le postillon le fait directement sur une des montures de ce dernier, généralement celle qui se trouve au plus près de la voiture à gauche appelée le timonier . Pour certains attelages, comme les voitures de poste, seul le postillon est présent vu l'absence de place pour un cocher.
Afin de protéger le postillon durant ses longues heures à cheval, il est doté de larges et lourdes bottes renforcées qui résistent au poids du cheval s'il venait à chuter et être écrasé par l'animal. Elles sont fixées en permanence sur les flancs du cheval monté. Garnies de paille, le postillon les chausse en gardant ses chaussures ordinaires. Introduites dans les années 1770, elles seront utilisées en France jusqu'en 1840.
On se rappelle tous la séquence du film des Bronzés font du ski où Josiane Balasko doit assouplir ses chaussures de ski en les portant en permanence. Eh bien, les bottes impressionnantes des postillons sont comparables à l'inconfort des chaussures de ski si l'on veut les utiliser pour marcher, c'est tout simplement impossible.
Réalisées de manière artisanale,
les bottes sont faites de cuir bouilli, bois et métal et pèsent trois à quatre kilos chacune ! Elles sont constituées d'une tige très large, renforcée intérieurement par un tube ovale gainé de cuivre, un coup de pied évasé pour chausser et déchausser rapidement, une semelle épaisse de 4 à 6 cm toujours incurvée pour retenir l'étrier, un cuir ouvragé sur le devant du coup de pied pour protéger la botte du frottement de l'étrier, une genouillère évasée pour protéger le genou et le devant de la cuisse et un éperon à roulettes à pointes.
Mais ces bottes hors du commun auront leur heure de gloire au travers d'un conte pour enfants bien connu, le Petit Poucet. En 1697, dans ses Contes de ma mère l'Oye, Charles Perrault va les faire entrer dans l'imaginaire populaire sous le nom de bottes de sept lieues chaussées par l'ogre. Alors que dans le réel, ces bottes sont impossibles à utiliser pour marcher comme mentionné plus haut, l'écrivain leurs donne des propriétés de déplacement impressionnantes de sept lieues soit de l'ordre de 28 à 35 km.
L'Ogre, qui se trouvait fort las du long chemin qu'il avait fait inutilement (car les bottes de sept lieues fatiguent fort leur homme), voulut se reposer ; et, par hasard, il alla s'asseoir sur la roche où les petits garçons s'étaient cachés. Comme il n'en pouvait plus de fatigue, il s'endormit après s'être reposé quelque temps, et vint à ronfler si effroyablement, que les pauvres enfants n'eurent pas moins de peur que quand il tenait son grand couteau pour leur couper la gorge. » [...] Le petit Poucet, s'étant approché de l'Ogre, lui tira doucement ses bottes, et les mit aussitôt. Les bottes étaient fort grandes et fort larges ; mais, comme elles étaient fées (1), elles avaient le don de s'agrandir et de se rapetisser selon la jambe de celui qui les chaussait ; de sorte qu'elles se trouvèrent aussi justes à ses pieds et à ses jambes que si elles eussent été faites pour lui.
Extrait du conte du Petit Poucet de Charles Perrault
Mais ce qui est encore plus surprenant est le fait que cette distance symbolique correspond également à une distance caractéristique (2) entre deux relais de poste de l'époque !
(1) Enchantées, ensorcelées.
(2) Notons que la distance varie énormément selon la nature des zones à parcourir (plaines ou reliefs particuliers comme des montagnes) et l'état des routes.