Vous avez du feu ?
Cela se passe en Espagne, à la veille de la bataille de Somosierra.
L'empereur était arrivé. Il descendit de cheval et on fit allumer un feu sous un arbre, il s'assit sur un tabouret près de ce dernier, car la nuit était fraîche. L'un des soldats polonais, qui était de service au camp à côté de Napoléon lui-même, se fraya un chemin à travers la suite de l'Empereur jusqu'au feu pour s'allumer une cigarette.
Les généraux qui se trouvaient près de Napoléon arrêtèrent le garde polonais et l'un d'entre eux, furieux, réprimanda le soldat à haute voix pour son comportement grossier, qui ne correspondait pas à la discipline militaire.
L'Empereur s'en aperçut et prit la parole en souriant :
Ne défendez pas à cette canaille !
Les généraux se retirent immédiatement et le Polonais s'approche du feu et allume sa pipe. L'un des officiers lui fait alors remarquer qu'il serait beau de remercier l'Empereur. Il répondit, convaincu que ce n'était pas en vain que nos hommes se tenaient si près des montagnes occupées par les Espagnols :
De quoi devrais-je le remercier, je le ferai là !
Et il montra les montagnes.
Le lendemain le 3e escadron des chevau-légers polonais s'élancera à Somosierra pour prendre les 4 batteries d'artillerie espagnoles qui gardaient le défilé. Sur les 150 cavaliers de l'escadron, 5 officiers et une soixantaine de sous-officiers et soldats trouvèrent la mort. Le lendemain de l'exploit, Napoléon dira aux survivants en leur remettant à chacun la légion d'Honneur :
Vous êtes dignes de ma Vieille Garde, je vous reconnais pour ma plus brave cavalerie !